Kitaro Tome 1

Au moins aussi connu et vénéré au Japon qu’Osamu Tezuka (qui s’est inspiré de Kitaro pour créer le personnage de Dororo), Shigeru Mizuki est le maître incontesté des ténèbres et des yôkai, ces êtres surnaturels du quotidien que la modernisation du Japon d’avant-guerre avait fait oublier. Amoureux des contes populaires et du merveilleux qui s’infiltre dans les interstices de la vie ordinaire, Mizuki a mis les yôkai au centre d’une œuvre qui oscille constamment entre fantastique, humour et poésie. Pour trancher avec une époque obnubilée par la modernité, rien de tel qu’un dépoussié- rage des vieux mythes et légendes. Voilà comment Kitaro, l’enfant moitié humain et moitié yôkai, a conquis une société japonaise éblouie par la lumière des villes.

Dans l’ensemble de ces nouvelles (les volumes peuvent se lire dans le désordre), Kitaro se fait le juge impartial des conflits qui opposent les humains aux yôkai. Sans illusions sur la nature des uns et des autres, il met en relief l’ignorance qui domine les deux communautés. Avec Papa-Œil, son défunt père réincarné en globe occulaire, il combat l’ambition destructrice des humains et affrontent les démons les plus effroyables pour les empêcher de s’approprier le monde. Il appelle parfois à la rescousse sa troupe d’amis improbables comme Miss Tigrette, Vieux Poupon, L’Emmureur, Ratichon ou Simoune, la sorcière des sables. Les lecteurs français de NonNonBâ ne manqueront pas de retrouver dans ce monument de la bande dessinée japonaise l’humour et l’inspiration qui les avaient fait chavirer de bonheur.