Le taureau par les cornes

En 2005, deux événements viennent bouleverser la vie de Morvandiau. Alors qu’un diagnostic est enfin posé sur la maladie dont souffre sa mère – une dé- mence frontale précoce, affection cousine de la mala- die d’Alzheimer – son fils Émile naît prématurément. Il est porteur de trisomie. Morvandiau raconte cette période intense, au cours de laquelle il doit faire le deuil du fils qu’il a attendu et de la mère qu’il a connue.

C’est en croisant et mêlant ces bouleversements in- times, que Morvandiau tisse l’histoire de sa famille. À l’évocation de sa mère, une femme au caractère bien trempé et fantaisiste, malgré l’austère éducation bour- geoise et catholique qu’elle a reçue, succède le récit des premières années de son fils. Confrontation au regard des autres, batailles administratives et intros- pection… Morvandiau raconte avec pudeur et humour les défis posés par ce fils handicapé. Des épisodes qui forment une chronique familiale malgré tout lumi- neuse dans un noir et blanc jouant adroitement avec les registres d’images.

Des mutations urbaines de Rennes aux photogrammes tirés des Freaks ou de Vol au-dessus d’un nid de cou- cou, les digressions narratives ou graphiques viennent ponctuer le récit familial, l’inscrivant ainsi dans la mémoire collective.